J'ai toujours cru que les cimetières étaient des lieux tranquilles, calmes. OU l'on se devait de chuchoter, par respect envers les disparus. Et puis je suis morte. C'est dingue le nombre de choses que l'on peut apprendre sur le monde une fois que l'on en fait plus partie... Tout devient clair et limpide. Mais trop tard. D'après L'abbé c'est une preuve du sens de l 'humour de dieu. D'après Raven c'est simplement n'importe quoi. Et elle n'a pas entièrement tort je dois dire.
Je suis morte bêtement. J'ai glissé en sortant de la douche et je me suis éclaté la tête contre les toilettes. Trauma cranien, cerveau amoché. Je suis morte en quelques heures. C'est tout moi ça. J'aurais pu avoir une mort glorieuse. Mais non. Le pire c'est queje me sentais pas morte du tout. Je hurlais aux médecins que *youhoooooooou chuis la arrêtez de vous occuper de ce tas de viande là, on s'en fout, moi je suis laaaaaaaaa*. Après j'ai réalisé que le tas de viande c'était moi. Gros choc. Quand mon cadavre a été placé dans un cercueil, j'ai compris que ce n'était pas une blague et que ce n'était pas temporaire. J'étais morte et de façon tout à fait définitive. Game Over. Vous ne revenez pas en deuxième semaine. Mais vous pouvez conserver ce magnifique linceul garanti un mois contre la putréfaction. Youpie. Et puis j'ai suivi mon corps jusqu'au cimetière. Assister à son enterrement ça vaut son pesant de cacahuète je vous l'assure. Ya les gens qui pleurent pour de vrai et qui ont sincèrement de la peine. Les gens qui bossaient avec vous et qui ne sont venus que parce que ça leur donnait l'opportunité de surtout pas être au boulot. Des gens que vous n'avez jamais vu de votre vie qui sanglotent en disant qu'ils vous connaissaient tellement bien et qui se font consoler. Des mémères qui vont aux enterrement comme à des spectacles, parce que comme ça elles voient du monde et qu'elles sont contentes que ce ne soit pas le leur, d'enterrement...
Et puis tout le monde s'en va et vous restez là, assis sur votre tombe, attendant que la suite vienne. Parce que nom de nom ça peut pas se terminer comme ça tout de même. Et en effet ça ne se termine pas comme ça. Quans vous mourrez, vous suivez votre corps jusqu'à sa dernière demeure. Et vous avez droit à un comité d'accueil mortel.
Pour moi c'est L'Abbé et Raven qui sont venus m'expliquer mon nouvel état. Ils ne s'appelaient pas comme ça de leur vivant mais le grand luxe des morts est de pouvoir choisir le nom qu'ils vont prendre pour l'éternité. Ils peuvent garder leur nom d'origine, ce que fait la majorité des gens, ou alors ils font comme L'Abbé ou Raven. ça change de Jean-Antoine et Gretchen.
Bon alors je vous explique. J'étais donc assise sur ma tombe, larmoyant sur ma pauvre vie si vite achevée et sur les trucs que j'aurais aimé faire ou accomplir... Et j'ai vu ces deux êtres se pointer de derrière un mausolée. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait de vivants. Mais quand ils se sont plantés devant moi en me tendant la main jai compris. Ils étaient mort aussi. Ils m'ont donc expliqué que j'étais morte et que j'avais eu la chance d'être élue.
Lorsque les gens meurent, la plupart partent vers autre part. Mais certains restent sur terre. Ou allaient le reste des trépassés, aucune idée, personne ne le sait. Mais les autres, eux, se retrouvent dans les cimetières. C'est vachement plus vivant qu'on ne le croit un cimetière. Dans mon cimetière, il y a une trentaine d'anciens vivants. C'est comme ça qu'ils s'appellent entre eux. Ils aiment pas qu'on parle de morts. On n'est vraiment mort que lorsqu'on passe plus loin. Ce qui arrive de temps à autre. Un ancien vivant disparait subitement et on ne le revoit plus.
Pourquoi on reste et pas les autres? Pourquoi telle ou telle personne doit rester sur terre? Aucune idée... Mais on ne reste pas là à mater les vivants sous la douche (même si j'aime bien cette activité...). Non. On a un boulot très précis. On est les agents de la Mort. Parce que Madame, un jour, en a eu marre de se taper le boulot toute seule. Quand l'humanité se réduisait à une centaine de milliers d'individus ça allait, elle maitrisait la chose. Mais bon là les hommes commencent à devenir vraiment trop nombreux. Alors elle a exigé et obtenu un coup de main. C'est elle qui décide qui reste. Mais on ne la voit quasiment jamais. Dans chaque cimetière ya un Gardien des âmes qui a été formé personnellement par elle. Et c'est lui qui nous forme ensuite à notre boulot. Dans mon cimetière, c'est Olivier. Un grand mec très pâle qui était agent d'assurance de son vivant, c'est dire si il connait la mort... Un type sans humour, sec et rigide, sans fantaisie. Le prototype du fonctionnaire aigri d'antan. Il a un registre dans lequel est consigné qui doit mourir, quand ou et comment. Et il assigne à chacun d'entre nous une dizaine de personne à faire passer de l'autre côté de la barrière. Au début, comme forcément je n'y comprenais pas grand chose et que j'avais un peu de peine à m'imaginer faire mourir des gens que je ne connaissais même pas, on m'a mise avec Raven et L'Abbé. Ces deux là bossaient toujours ensemble. Il n'y avait pas plus dissemblable que ces deux... L'Abbé avait été prof de théologie et avait vécu de façon tout à fait normale. Marié, des gamins, une jolie maison, un bon boulot, une vie bien tranquille, faite d'étude et de bonheurs simples. Raven elle... Rebelle de la première heure, elle avait vécu la révolution punk de façon très intense. Je dois dire que c'est la seule femme que j'ai jamais vu qui porte la crête iroquoise de 60 cm à merveille. Le fait que la dite crête soit violette et rouge ajoute à son charme déjà particulier. Une femme qui n'a pas la langue dans sa poche, droguée, alcoolique et passablement déjantée. L'Abbé est mort de vieillesse entouré des siens, Raven est morte des suites d'une absorption massive d'alcool. Ils auraient du se détester mutuellement. Ils s'adoraient. Et moi je me retrouvais là à les regarder faire leur boulot.
Dans un cimetière il y a la partie que tout le monde voit, vivants ou morts. Et il y a les partie réservée à la Brigade de la Mort. Une sorte d'extension du cimetière. Il y a un grand mausolée qui sert de passage entre les deux mondes. Dans le monde d'en bas, le notre, on trouve un peu tout et n'importe quoi. On a des chambres, même si on ne dort pas, pour que l'on garde une certaine intimité, on a des bibliothèques ou il n'y a qu'un seul livre par personne, mais à chaque fois c'est le livre que l'on veut lire qu'on trouve. Il y a même des ordinateurs, pour communiquer avec les autres brigades du monde... On peut regarder la télé si on le souhaite, lire les journaux, bref la "vie" n'est pas si différente une fois que l'on est mort... Sauf qu'on ne paie pas d'impôt. Appréciable!
Et puis il y a la salle de réunion, là ou Olivier nous donne nos morts du jour. Cette salle sert aussi quand on veut se retrouver ensemble et faire la fête. C'est pas parcequ'on est mort qu 'on ne peut plus s'amuser!
Zut. Je voulais vous raconter la suite mais je dois y aller là... Oliver s'impatiente, j'ai du boulot à faire.
Note : J'ai trouvé ce texte sur le forum d'une émission musicale de ma région et ça ne me servirais à rien de mettre de lien, il ne marche plus ! J'avais commencé à créer un blog depuis cette histoire, histoire d'en créer la suite...
Mais bon, jamais je n'atteindrai le niveau de l'écrivain de base ! C'est pourquoi je vous propose de faire ça avec moi ! Je vous donne le passe du blog, et on s'organise ! Non ..?http://marine-est-morte.skyblog.com